proposition
Créer, dans le cadre d’une grande loi de programmation relative à l’exécution des peines, 30 000 places de prison supplémentaires d’ici à 2017, pour porter la capacité totale à 80 000 places. Ouvrir rapidement des prisons dédiées aux condamnés pour courtes peines ne présentant pas de dangerosité particulière. Les prisons « en kit » nouvellement créées seront notamment installées sur des terrains militaires désaffectés.chiffrage
Le coût de la création de 30 000 places de prison supplémentaires d’ici 2017 est estimé à environ 1,25 milliard d’euros en 2017 (année où les dépenses atteindront leur maximum), se décomposant à égalité entre des dépenses d’investissement et des dépenses de fonctionnement supplémentaires liées à l’accroissement de la population carcérale. La création de 30 000 places correspondrait en réalité à une augmentation effective de la capacité d’accueil des prisons de 23 500 places. La création de places nouvelles s’accompagne en effet généralement de la suppression de places dans des prisons vétustes ou inadaptées.Voir le détail du chiffrage
Détail du chiffrage
SOURCES
Programme d’amélioration de la performance de l’administration pénitentiaire Rapport de M. Eric Ciotti sur l’amélioration de l’efficacité de l’exécution des peines Dossier de presse sur le nouveau programme immobilier de l’administration pénitentiaire Chiffres-clés 2011 de l’administration pénitentiaire Rapport E space de l’OCDE
COMMENTAIRE DU CHIFFRAGE
1. Eléments de définition de la proposition
Le 13 septembre 2011, le président de la République a effectué la déclaration suivante : « Pour assurer une exécution normale des peines d’emprisonnement, la France a besoin de 80 000 places de détention. Cet objectif, qui figurera dans la loi de programmation, représente un effort d’équipement sans précédent qui devra être achevé en 2017 : il nous conduira à créer 30 000 places supplémentaires. Eu égard aux délais de construction, c’est dès aujourd’hui qu’il faut engager l’effort ».
2. Eléments de contexte
La France dispose aujourd’hui de 56 500 places de prison pour une population incarcérée estimée à 64 148 personnes. Le nombre de détenus par cellule s’élève à 1,2 environ.
En 2011, le budget de l’administration pénitentiaire s’élève à 2,8 milliards d’euros en crédits de paiement (2,25 milliards hors pensions).
Les moyens alloués à l’administration pénitentiaire ont régulièrement augmenté depuis 2001, en lien avec le durcissement de la politique pénale et l’accroissement du nombre de personnes incarcérées :
2001 | 2011 | Variation | |
Nombre de détenus | 47 000 | 64 000 | + 36 % |
Budget de l’administration pénitentiaire en crédits de paiement, hors pensions (Mds € courants) |
1,25 | 2,24 | + 79 % |
Budget de l’administration pénitentiaire en crédits de paiement, hors pensions (€ constants) |
1,5 | 2,24 | + 49 % |
Item | Valeur |
Nombre de places 2011 (1) | 56 500 |
Créations nettes de places prévues dans le programme « 13 200 » pour la période 2012-2017 (2) | 4 500 |
Créations nettes de places prévues dans le programme « NPI » pour la période 2012-2017 (3) | 7 500 |
Nombre de places programmé pour 2017 (=1+2+3) | 68 500 |
3. Chiffrage
La proposition du président de la République va engendrer des coûts de deux ordres : - des dépenses d’investissement pour construire les places nouvelles ; - des dépenses de fonctionnement liées à l’accroissement de la population incarcérée, source de coûts de détention. 3.1. Le chiffrage des dépenses d’investissement Le coût de la construction des places de prison supplémentaires va dépendre de 3 variables principales. 3.1.1. S’agit-il de la construction d’établissements nouveaux, d’extensions ou de la rénovation d’établissements existants ? Dans le dossier de presse rendu public lors de la présentation du programme NPI en mai 2011, le gouvernement a fait référence à des coûts de rénovation s’établissant entre 160 et 180 000 € par place, contre 110 à 120 000 € pour la construction d’établissements nouveaux, chiffres communiqués par l’agence pour le patrimoine immobilier de la justice (APIJ). Le coût des investissements dépendra donc de l’’arbitrage entre constructions nouvelles et rénovations. Concernant spécifiquement le coût des places dans des établissements nouveaux, le coût unitaire de 110 à 120 000 € sur lequel communique le gouvernement est cohérent avec les hypothèses retenues pour le « programme 13 200 ». En revanche s’écarte sensiblement du coût unitaire qui ressort du rapport entre le budget annoncé pour le programme NPI et le nombre de places créées (13 500 places construites pour un coût de 5,844 Mds €, soit un coût par place de 423 478 €). Nous avons fait le choix de nous baser sur les coûts unitaires communiqués par l’APIJ. Les hypothèses sur lesquelles repose le montant global communiqué par le Garde des Sceaux mériteraient d’être explicitées. 3.1.2. S’agissant spécifiquement de la création d’établissements nouveaux, quels types d’établissements vont être construits ? Le président de la République a confié à M. Eric Ciotti une mission de réflexion qui a débouché sur la remise d’un rapport pour renforcer l’efficacité de l’exécution des peines en mai 2011. Ce rapport préconise un certain nombre de pistes pour ouvrir rapidement et à moindre coût des places de prison additionnelles : structures plus légères, modulaires, utilisation des emprises et bâtiments de Défense nationale, allègement du niveau de sécurité pour certains établissements (enceintes plus légères, miradors télé-opérés, etc.), développement des quartiers nouveau concept et des établissements de réinsertion active, adossement des nouvelles capacités aux infrastructures d’établissements déjà existants, etc. Bien que ce rapport ne contienne pas de données chiffrées il est possible d’en déduire que les coûts unitaires affichés pour les deux plans déjà engagés constituent probablement des majorants pour le chiffrage du coût des 10 000 places additionnelles promises par le président de la République. En l’absence d’éléments plus précis à ce stade, ces indications conduisent à retenir un coût unitaire nettement inférieur aux standards, de l’ordre de 80 000 € par place supplémentaire. Il est difficile de retenir des coûts inférieurs, d’autant que le rapport Ciotti contient un certain nombre de propositions de nature à renchérir les coûts unitaires (équipement des cellules en douches individuelles, augmentation de la surface consacrée à des locaux d’insertion, augmentation du nombre d’unités de vie familiale…) 3.1.3. Dans quelle mesure la création de places nouvelles va-t-elle s’accompagner de la suppression de places dans des prisons vétustes ou inadaptées ? En d’autres termes, combien de créations de places brutes faut-il pour une création de place nette ? Sur ce point, l’analyse des deux programmes précédents montre que les créations de places nettes sont toujours inférieures aux créations brutes, dans une proportion qui varie entre 15 % et 50 %. Pour les créations de places additionnelles promises par le président de la République en septembre, il est possible de retenir l’hypothèse d’un ratio de 66 % : il faudra créer 3 places brutes pour 2 créations nettes de places.
Créations brutes de places (1) |
Nombre de places supprimées |
Créations nettes de places (2) |
Ratio (2/1) | |
Programme 13 200 | 13 200 | 2 000 | 11 200 | 84,85 % |
Nouveau programme immobilier (NPI) | 14 500 | 7 000 | 7 500 | 51,72 % |
Places additionnelles (hypothèse) | 17 250 | 5 750 | 11 500 | 66,00 % |
Objectif = 80 000 places en 2017 | Programme « 13 200 » | Nouveau programme immobilier |
Nouvelle annonce du président de la République |
Total |
Nombre de places nettes à créer sur la période 2012-2017 |
4 500 | 7 500 | 11 500 | 23 500 |
Nombre de places brutes à financer sur la période 2012-2017 |
5 300 | 14 700 | 17 400 | 37 400 |
Coût unitaire | 100 000 | 120 000 | 80 000 | |
Montant total des investissements à financer sur la période 2012-2017 (M€) |
530 | 1 764 | 1 392 | 3 686 |
Montant annuel des investissements sur la période 2012-2017 (M€) |
106 | 352,8 | 278,4 | 737,2 |
Maison d’arrêt | Maison centrale | Centre de détention | Centre pénitentiaire | JDD moyen tous types d’établissement | ||||
Gestion déléguée | Gestion publique | Gestion publique | Gestion déléguée | Gestion publique | Gestion déléguée | Gestion publique | Gestion déléguée | Gestion publique |
67,85 € | 78,43 € | 152,64 € | 83,42 € | 91,35 € | 83,40 € | 95,63 € | 78,94 € | 86,59 € |
Items | Valeurs |
Nombre de détenus supplémentaires | 25 000 |
Coût du jour de détention (€/jour) | 80 |
Nombre de jours par an | 365 |
Coûts supplémentaires annuels (M€) | 730 |
déchiffrage
Pour-
Nicolas Sarkozy
« Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore en mesure d’héberger convenablement les 65 000 personnes détenues en France, ni d’assurer rapidement l’exécution des peines en attente. […] Pour assurer une exécution normale des peines d’emprisonnement, la France a besoin de 80 000 places de détention, […] ce qui nous conduira à créer 30 000 places supplémentaires. » Déplacement au centre de détention de Réau, 13-09-2011
-
Jean-Paul Garraud
député et secrétaire UMP à la Justice« Je préfère un établissement surpeuplé momentanément à des individus qui ne font jamais leur peine. Il faut que notre gestion pénitentiaire soit plus adaptée pour éviter ces situations de crise. » RMC, 04-08-2011
-
Jean-Michel Dubois
conseiller régional FN Haute-Normandie« [Il faut engager], aujourd’hui plus que jamais, la construction massive de places de prison et l’embauche de personnels de manière à répondre au plus vite aux besoins dans ce domaine. » Communiqué de presse, 05-09-2009
-
François Hollande
« Je ne dis pas qu’il ne faut pas améliorer l’état de nos prisons, qui ne sont pas dignes de la condition humaine. Mais créer 30 000 places de prison, ça coûte 3 Mds€ en investissement. Je préfère mettre 2,5 Mds€ pour l’école que 3 Mds€ pour les prisons. » Présentation du Projet éducation, 29-09-2011
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Parti Socialiste
« Nous voulons mettre en place une véritable politique d’aménagement des peines fondée sur un projet individualisé et un suivi approprié, afin d’éviter les sorties sèches, souvent facteur de récidive, mais aussi de mettre un terme à une surpopulation carcérale insupportable. » Projet socialiste 2012, 09-04-2011
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Yann Wehrling
porte-parole du MoDem« Les prisons sont déjà pleines aujourd’hui […] Il faut préférer […] des logiques de privation de libertés qui doivent garder comme objectif la capacité de sortir les délinquants de la situation de délinquance dans laquelle ils sont. » www.mouvementdemocrate.fr, 07-06-2011
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Europe Ecologie - Les Verts
Orientations du projet EELV 2012« Nous voulons à la fois donner un véritable sens à la peine par l’amélioration des conditions de détention, un numerus clausus et un moratoire sur la construction de places de prison supplémentaires, mais également et surtout promouvoir les sanctions alternatives à l’incarcération et se donner les moyens d’un véritable modèle de réinsertion. »
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Nicole Borvo
responsable PCF des questions de justice, présidente du groupe CRC-SPG au Sénat« La construction de nouvelles places en prison ne résoudra rien. En réalité, on enfermera toujours plus. » www.nicoleborvo.fr, 27-07-2010
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Nicole Borvo
« [La plupart des peines en attente d'exécution le sont] pour être aménagées en surveillance électronique, placement extérieur ou semi-liberté, des mesures moins coûteuses et plus favorables à prévenir la récidive. […] Les taux de récidive les plus élevés concernent les détenus qui ont purgé la totalité de leur peine en prison : 63 % de récidive dans les cinq ans pour les libérés en fin de peine sans aménagement ; parallèlement, les condamnés à des peines alternatives récidivent moins (45 %). […] Aujourd’hui, 60% des détenus ne disposent pas d’une cellule individuelle. » www.oip.org, 13-09-2011
2 commentaires
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remy
19-06-2012 | 16:35:25Oui à plus de place de prison, et oui, a une justice plus sévère.
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BRAND
02-02-2012 | 14:05:09depuis 20 ans j'ai écrit à tous nos Ministres de la justice
à nos 3 présidents de la Républiques pour leur donner mes projets de prisons humaines et gratuites pour l'Etat, gratuites en investissements et pour la nourriture la surveillance 0 euro par détenus
mon projet Hameaux verts justice repose sur 2 principes , - le travail et avec ils payent leur nourriture et batissent leurs prisons en SCOP
-la réinsertion, l'apprentissage, la formation, l'éducation et ils préparent leur retour dans la société avec des économies.
et là je sais faire les 30000 places il suffit d'avoir l'agrément demandé de puis des années et encore en décembre 2011 à notre MInsitre de la Justice